Mon frère est devenu Ministre

Je sais, je sais, je devais terminer l'histoire de mon neveu... il m'énerve tellement, il est pire que mes nièces. Un aventurier sans nom.

Par contre là, j'ai du lourd à vous raconter, du lourd solide, du lourd lourd, cimenté quoi !

Ah oui, mes potos de Kiname.

Je vous raconte. Il était 4h30 du matin, j'étais pelotonné dans mes draps en plein dans mon deuxième rêve. Celui que je préfère, je suis milliardaire en dollars américains. Un rêve où curieusement il n'y a jamais Ohatsho. Ne le dites pas à ma femme, je risque encore de me faire gazer. Donc je disais, j'étais allongé sur une plage de sable fin, ciel bleu comme dans les films, sirotant un Mojito savamment alcoolisé, en maillot de bain léopard, avec des abdominaux d'athlètes que je n'ai jamais eu dans ma vie, de vraies tablettes de chocolat 100% cacao. Je vous le jure. Donc je rêvais calmement jusqu’à ce qu’un bruit assourdissant vienne tout gâcher et déranger mes deux superbes voisines, de jolies top-models, qui s’offraient au soleil dans les transats voisins. Un vrai plaisir pour les yeux. Ah oui, j'avais oublié de préciser que je n'étais pas seul.

Et ce bruit assourdissant m'a tellement énervé que je me suis réveillé en sursaut. Mon téléphone sonnait. J'ai allongé ma main, coupé la sonnerie et fermé les yeux très fort dans l'espoir de revenir près de ces demoiselles.

Le téléphone a encore sonné. Eh m...

« Allo ! Allo ! Petit, nous sommes là » m'a crié une voix nasillarde. Je ne comprenais rien: « Allo, à qui ai-je l'honneur ? ». « Petit, mais réveille-toi... c'est ton oncle de Petropavlovsk. Petit, on fait comment ? Maintenant, nous avons le pouvoir ! ! ». Et bam !! Le franc m’est tombé, j'ai répondu sèchement : « il est 4h30 du matin ici, Tonton. Je te rappelle ». J'ai raccroché brutalement, j'ai bloqué son numéro. Mais vraiment !

Je n'ai pas pu retrouver mes jeunes demoiselles, le sommeil est parti.

Ne le dites pas à ma femme : mon frère est devenu Ministre

Je suis très content pour lui mais par contre quelle galère !! Ma vie a changé. Je suis passé de l’ombre à la lumière. Heureusement que nous n'avons que le post-nom en commun. Alors, je ne vous raconte pas, c'est extraordinaire : je suis devenu recruteur national. Quel bazar !!

Alors, je vous explique. C'est d'une logique déconcertante et ça commence à peu près toujours de la même manière :

« Bonjour, mes félicitations » et je réponds invariablement « merci pour lui ». Alors là, la suite dépend de la langue mon interlocuteur : « Yo Pe / Atcha vile/ toi aussi, nous avons le pouvoir ! ». Cet usage du "nous" reste pour moi un mystère mystérieux. Je sais que c'est mon frère mais le nominé c'est lui, pas moi ! Donc je comprends encore moins ce "nous" inclusif.

Azanga Nkombo, fils de Nkombo Ezaté aïeeeeee… je suis devenu important. Il ne me reste plus qu’à être chanté par Koffi Olomide. Chauuuuuuuuuuuuud !!!

La deuxième étape, c'est mon engagement. Tout le monde a un avis tranché sur mon avenir immédiat. Un truc de ouf : « donc maintenant que tu es Directeur de Cabinet, nous pouvons gérer » ; la variante, c’est « en tant que Directeur de Cabinet Adjoint, tu auras de lourdes responsabilités. Nous allons t’aider à atteindre tes objectifs ». Alors gérer quoi, je ne sais pas vous dire et quels objectifs à atteindre, je ne sais pas vous dire. Et pour ceux qui me connaissent en tant que journaliste, la phrase ressemble à ça : « Comme tu seras son Conseiller en communication, je pense que nous pouvons déjà choisir les confrères qui vont nous accompagner au Cabinet. N'oublie pas la petite OralB que je t'avais présentée la dernière fois, elle a du potentiel ».

J’ai un emploi, mesdames, messieurs.

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