Les bébés, c'est compliqué (partie 1)
- Azanga NKOMBO
- 31 mai 2023
- 5 min de lecture
B

Bon, c’est vrai. Ce n’est pas nouveau. C’est mon troisième mais là j’étais là ! Il a fallu que je sois là… Mais pourquoi j’étais là ???? Molière aurait pu dire de moi : « que diable allais-tu faire dans cette galère ? ». Ben là j’y étais et j’ai vu, tout vu,….. Ah la la la la la la la.
Ne le dites surtout pas à ma femme : les bébés, c’est compliqué.
Il ne faut pas se faire avoir comme un foufou de la veille
Avant qu’on aille plus loin, j’aimerai quand même avoir des explications de votre part. Ne me regardez pas avec des gros yeux. C’est à vous que je m’adresse. Oui, oui, c’est à vous. Vous n’avez pas l’impression que le parler en langue a dépassé le cadre des églises. Non mais c’est vrai. J’étais avec Lord Yves, le père de tous les dossiers, devant Paul, le restaurant à la mode. D’ailleurs, entre nous, Paul ils sont forts. A Paris, à Bruxelles, ils sont dans les gares ou les métros et souvent ils sont petits parfois des kiosques. Par contre, ceux de Kinshasa et Johannesburg, de véritables enseignes de la restauration à la française. Ça vous chiffonne pas ?!
Bon, ne nous égarons pas.
J’étais donc avec Lord Yves et on rencontre deux de ses amis. Je vous raconte leur conversation, c’est un des deux qui parle : « J’étais avec le DG, il m’a envoyé voir le Sec. Gen. avec le DGA. On a conclu qu’il fallait aller à la DGI, puis à la DGM pour le cas du repat. Après, on devait vérifier si ses affaires étaient arrivées à la SCPT avant de visiter son appartement à CTC. Le Coordo et les Coordas ont râlé parce qu’on a pris la voiture de service. Nous, on s’en foutait, on avait l’aval du Dircab. Arrivés sur place, on a dû écourter la course de CTC parce que la DGDP, la DGDA, la DGRAD et la SNEL nous ont appelé pour venir prendre des éléments du dossier ».
Alors, je ne sais pas si le parler en langues est devenu administratif. Là ce ne sont pas des âmes qu’on gagne, ce sont des maux de tête. Alors, je ne vous traduis rien. Allez chercher un fonctionnaire kinois comme interprète.
Bon je vous explique le contexte sinon vous n’allez pas comprendre pourquoi les bébés… c’est compliqué. Moi, pour tout vous dire, je n’ai jamais assisté aux naissances de mes enfants. Ah oui, mais quand même !!! J’ai un tas de nièces, ma femme a un tas de sœur, et nous avons un tas de grand-mères, de grands-pères,… Je vais me gêner, eux ne se gênent pas pour venir chez moi.
Le foufou à Kinshasa c’est comme les pâtes à Rome : ça se mange au quotidien...
Eeeeeeeeeeeeeeeeeh Azanga Nkombo, fils de Nkombo Ezate !!!! Qui va se négliger ?
Donc en général, je crée une mission ou je me prends des vacances. Et quand tout est fini, je rentre à la maison comme une fleur. Un mois après. Tranquille.
Surtout ne le dites pas à ma femme !!!
Mais sur cette naissance, je me suis fait avoir dans les grandes largeurs… et dans les longueurs aussi. Je n’ai jamais compris cette expression « se faire avoir dans les grandes largeurs ». Ça doit être sûrement une expression de géomètre. Moi, mon grand-père, qui n’était pas géomètre, avait une plus belle expression : « il ne faut pas se faire avoir comme un foufou de la veille ». Si vous ne connaissez pas la boule sacrée, ça va être difficile pour vous de comprendre. Le foufou à Kinshasa c’est comme les pâtes à Rome : ça se mange au quotidien et quand le plat n’est pas fini, direction poubelle. Ben tout le monde ne fait pas ça. Il y a des épouses, des sœurs, des petites amies bien avisées qui le conservent dans des calebasses appropriées et le resservent au petit-déjeuner à l’élu de leurs cœurs ou à celui qui les a accompagnées chez le bourgmestre. Donc au sens propre comme au figuré, il y a vraiment moyen de se faire avoir deux fois !!!
Donc sur ce coup-là , je me suis fait avoir.

J’avais pris mon congé sabbatique et je comptais bien rentré au pays quand le petit aurait au moins un mois ou deux. J’étais à Bruxelles. Tranquille entre les moules et les frites, le vin chaud et les Tembo. Et quand je m’ennuyais du pays, un petit tour à P. de Nam, en territoire de Matonge, pour voir les Mado et les Nyotas se crier dessus, ou écouter les avis éclairés de coiffeurs conduisant la politique africaine à 8.000 km de leurs patries.
En plus pour un mois de novembre, il ne faisait pas trop froid. Tout est blanc mais pas que de neige. Et puis de temps tu prends des packs de bière sans que le réceptionniste te voit, ça coûte moins cher qu’à l’hôtel. La vie tranquille comme un long fleuve entre les deux capitales les plus rapprochées au monde.
Donc tranquillllllllle, les jours passent et se ressemblent .Et là je reçois un appel d’Ohatsho, je décroche. Après tout c’est ma femme.
SOKI NAYEBAKI !!!!!!!!!
Mince, je me suis fait braisé comme un poulet Mayo à Toison d’Or.
« Azang…. Azang… amène toi vite. Je suis chez ma sœur à Enghien ». Elle avait l’air énervé. Ma femme, elle ne s’énerve pas facilement, elle est très douce, elle va préférer dire des « ok. C’est bon » ou des « je te le concède » ou des « j’ai compris ». Mais quand elle s’ENERVE !!! C’est le croisement entre Bolo Yeung, Terminator et Ilunga « Police Belge » ! Pardon, elle te fait clé boa avant que tu te rendes compte.
Comme dit l’ami JB MPIANA, Papa Chéri Bin Adama l'Homme qui a mis l'eau dans coco : «C’est des choses… C’est des choses».
J’ai regardé sur la carte. Enghien à 30 minutes de Bruxelles. Ok, ça va. Après, il n’y a rien de loin en Belgique. C’est le seul pays où tu conduis dans n’importe quelle direction pendant 2h, tu te retrouves à l’étranger. Rigolez pas, c’est petit. Va faire ça Kin, après deux heures, tu es à toujours à Kin et dans certains cas, tu es toujours au même endroit. Tala mama na bouchons ! Nous la nomenclature de l’Europe, on ne connaît pas. Ralentissement, freinement, … nous on connaît pas ! Nous on a des bouchons, des stops ou des repos. Repos c’est le dernier stade, c’est quand tu peux sortir de ta voiture, allez au bar du coin commander une Castel et une chèvre et ta voiture est toujours au même endroit…
Comme dit l’ami JB MPIANA, Papa Chéri Bin Adama l'Homme qui a mis l'eau dans coco (comprendre noix de coco) : « C’est des choses… C’est des choses ».
Je vous raconterai la prochaine fois ce qui m’arrive à Enghien.
Pfffffffffff
Azanga Nkombo,
Votre serviteur dépassé
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