Les bébés, c’est compliqué (fin)
- Azanga NKOMBO
- 7 juin 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juil. 2023

Retour à l’appartement après l’hôpital.
A trois. En hiver. Heureusement que l’appartement était bien chauffé. D’ailleurs, entre nous, tu n’en as même pas besoin avec les bébés. Tu deviens spécialiste du marathon et du sprint selon les circonstances. Tu tournes en circuit fermé avec des stations de ravitaillement. Oui… Oui… Station Cuisine-lait, station Salle de bain-couches, Station Chambre-changement de couche, station Salon-Les Maternelles ou 4 mariages et une lune de miel… C’est fou. Tu marches… Tu marches… Et tu marches encore… Et c’est comme les 24h du Mans, tu dois rester éveillé en permanence. Imagine… Il y a un départ toutes les 3h : pleurs – changement de couche – biberon – rot – et si possible dodo… Je tiens à préciser si possible… Alors le matin ou l’après-midi, ça passe mais à 3h du matin…. Je n’en pouvais plus… Je priais pour que bébé fasse ses nuits.
Ne le dites pas à ma femme : les bébés, c’est des preneurs d’otages.
Vrai de vrai, je dis la vérité. Ce sont des preneurs d’otages. Tu ne bouges plus, tu ne vis plus, tu fais tout ce que bébé te demande. Je vous prends un exemple, il a faim et toi tu suis la Reine Charlotte. George a encore déconné, il s’engueule avec Charlotte mais tu sens qu’il n’a pas le dessus. La peur est entrain de changer de camp. Bon avec les femmes de Bridgerton, c’est normal. On dirait qu’elles sont toutes diplômées en MMA. Donc tu sais pas si Georges, pauvre homme, va s’en sortir mais tu l’espères, solidarité masculine oblige.
Eh BAM, bébé couine. Alors, tu ignores un peu, tu te concentres parce que la scène à la télévision devient intense. Eh BAM, bébé pleurniche. Tu forces, tu poses une main molle sur son corps pour marquer ta présence et faire comprendre que papa n’est pas loin mais que papa doit finir la Reine Charlotte avant de commencer Bridgerton. Eh BAM, il pleure. Fini Reine Charlotte, fini Bridgerton, le cycle reprend : vérification de la couche, chauffage du biberon, dégustation du biberon par le preneur d’otages, assistance au rot et technique d’endormissement. En priant pour qu’il s’endorme. Après tu n’as plus la force de regarder la Reine Charlotte ni Bridgerton et surtout tu n’oses pas allumer le téléviseur de peur de réveiller le preneur d’otages.
Et les journées passent et se ressemblent.

Et puis au-delà de preneurs d’otages, ce sont des braqueurs. Il y a avait les Tontons flingueurs, il y a maintenant les bébés braqueurs.
J’ai vécu un drame.
Bébé a d’abord braqué ma femme. Vous vous imaginez, je n’ai plus accès à rien. Il pense qu’il n’y a que lui. Moi aussi, j’ai besoin de tétées de réconfort. J’en prenais bien avant lui. Et les bras de ma femme, je ne les sens plus, il y en a que pour lui. De toute façon Bébé n’est pas difficile, dès qu’il peut aller dans des bras, il y va. Mais ces bras-là, les bras d’Ohatsho, ils étaient à moi !!! J’étais en situation de monopsone avant qu’il vienne et il m’a éjecté du marché. Mammmmeeeeeee….. Azanga Nkombo, fils de Nkombo Ezate.
Et puis c’est vicieux les bébés, ça braque les corps et puis les coffres-forts. C’est tout simple, Bébé a braqué nos portefeuilles et nos comptes en banque, les euros sont partis, suivis des dollars américains et des francs congolais. Je ne sais même plus quand, j’ai pu m’acheter une Tembo et du ntaba de chez Ngwasuma.
Et ils font ça bien leurs braquages, les bébés. Je crois même qu’ils travaillent en bande organisée.
Tous le jours, je dis bien tous les jours, il y avait des gens qui sonnaient à la porte, je leur ouvrais et la première chose qu’il disait : « c’est pour le bébé » en me tendant un paquet. J’ai même reçu des enveloppes. C’est un réseau je vous dis, sinon ce n’est pas possible autrement. Il doit y avoir un internet des bébés ou des enfants parce que les gens ne peuvent pas défiler comme ça chez vous avec le même phrase : « c’est pour le bébé ». Il s’est fait en un mois ce que je me suis fait en an de salaire. On voyage et ça continue, tous les week-ends, quelqu’un se présente chez notre sentinelle pour dire… « c’est pour le bébé». C’est un réseau international. Et parfois quand je vois ce que Bébé reçoit, je me dis qu’il y avait un Corleone parmi mes ancêtre. A son âge, il va bientôt être considéré comme la quatrième fortune de la République Démocratique du Congo.
Azanga Nkombo,
Votre serviteur dépassé par le temps et les évènements
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