Je déteste les showeuses et les showeurs du Net

J’en ai marre, vraiment marre et (re)marre des showeurs et des showeuses. Je ne savais pas comment le dire alors j’ai inventé un mot tellement ils m’emm… Oui madame, oui monsieur, c’est comme ça que je les appelle: des showeurs et des showeuses, ces gens qui polluent LinkedIn, Facebook, Snapchat, Insta, TikTok (ou TikTak je ne sais plus), j’en passe et des meilleurs… oui Madame, oui Monsieur, je pèse mes mots.

Je n’aime pas les showeurs et les showeuses du Net…

Je parle de tous ces filles et fils de Kiname qui mentent à longueur de journée sur les réseaux sociaux. Je veux bien que Bandal soit Paris mais arrête de me dire que tu as fait tes études à Joburg alors que tu ne parles pas un mot d’anglais. Come on… Come on… Pour ceux qui lisent ma chronique pour la première fois, Kiname est la contraction de Kinshasa et Paname. Ce n’est pas de moi mais de Fally Ipupa et de Booba.

Ne le dites pas à ma femme : je n’aime pas les showeurs et les showeuses du Net…

Tu achètes ton poisson au marché Gambela et tu nous snap du saumon fumé sur lit de caviar.

Ces showeurs et ces showeuses prennent la parole pour nous expliquer comment est plus belle la vie et la nôtre est pourrie. Tu achètes ton poisson au marché Gambela et tu nous snap du saumon fumé sur lit de caviar. Tu montres tes vacances à Dubaï sur Insta alors qu’on était dans le même taxi commun hier, un ketch jaune et abîmé. Oui Madame, Oui Monsieur ! Des donneurs et donneuses de leçons, des lanceuses de challenge dont on n’a jamais rien vu dans leur vie… des menteurs, des menteurs et ne le dites pas à ma femme. Tu nous fait la morale alors qu’Innoss’B a chanté Yo Pe ! pour toi. Allez dit, tu fais du jet-ski sur le fleuve, tu arrêtes le temps au Millionaire club et tu viens m’emprunter une feuille (100 dollars). Come on… Come on… Ne le dites pas à ma femme, elle n’aime pas quand je m’énerve contre la vacuité du monde, elle me dit : “tout le monde a droit son opinion” et je lui réponds: “c’est vrai, je suis pour le libéralisme mais pas celui de la connerie”. Et après, je me fais crier dessus parce que je suis un mauvais exemple pour les enfants. De toute façon, moi j’aime Ayana Nakamura.

Je n’aime pas les showeurs et les showeuses du Net…

Les showeurs, ce sont tous ces gars qui squattent les réseaux sociaux, surtout LinkedIn, pour vous expliquer comment leur réussite est grande, ils vont sauver le Congo et s’enrichir au passage. De grandes gueules donneurs de leçons et ils sont incapables de te présenter le bilan de leur entreprise, un chiffre d’affaire ou simplement une part de marché. J’adore aussi l’expertise de ceux qui n’ont jamais fait que lire des ouvrages de développement personnel et pourtant en savent plus que vous sur la gestion de vos finances.

Les Bill Gates de LinkedIn, les chômeurs de Kiname.

Je n’aime pas les showeurs et les showeuses du Net…

Bon soyons clair, j’enlève du lot des showeuses les filles de Kiname sur Insta comme Fatoumata -34.400 abonné(e)s-, Miss V -42.400 abonné(e)s-, Jennifer Aduya -47.200 abonné(e)s-, Cynthia Denise Kifuka -93.900 abonné(e)s-, Jessica Pembe -111.000 abonné(e)s, Jessica Bossekota -115.000 abonné(e)s-, Josepha Mutund — 147.000 abonné(e)s-, Sonya Pembe -329.000 abonné(e)s-, Didi Stone -597.000 abonné(e)s-, … Même si je ne comprends pas souvent ce qu’elles font dans la vie à quelques exceptions près. Je sais, je sais, il n’y a pas que le travail dans la vie, je suis au courant. Mais le travail, ça sert…

ces femmes engagent une communauté, elles sont la respiration de certains et la caresse du regard pour d’autres.

J’ai découvert Sonya Pembe assis avec mon grand frère et sa fille à la terrasse d’un restaurant du Premier Mall. Ma nièce se battait avec un hamburger à la cuisson hasardeuse quand je l’ai vue s’arrêter de mastiquer et regarder une fille, qui se prenait en selfie, habillée dans une superbe robe rouge moulante. J’avoue que tout tonton que je suis, j’ai eu un pincement au cœur en suivant son regard. Oui Madame, Oui Monsieur, la chair est faible. J’ai demandé à ma nièce qui était cette jeune femme, elle m’a répondu en reprenant de plus belle sa mastication : « C’est Sonya Pembe, je la follow sur Insta ». Je l’ai regardée ahuri, ma nièce a haussé les épaules. Et j’ai eu droit à un cours sur la famille Pembe. Excusez mon inculture, la famille Pembe, ce sont nos Kardashian : beaux, riches et célèbres,… Le père est un homme politique, la mère une femme d’affaire, et les enfants des gravures de mode. J’avoue que sur le coup je ne savais pas. Oui Madame, Oui Monsieur, mon érudition ne s’étend pas jusqu’à l’univers people.

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